Jean-François Loiseau : « La boulangerie s’effondre, la malterie en déroute »

Jean-François Loiseau a loué le civisme de chacun, car, « dans certains secteurs, il a fallu demander aux salariés de travailler plus, il a fallu passer des accords, trouver des terrains d’entente ». © R. FOURREAUX
Jean-François Loiseau a loué le civisme de chacun, car, « dans certains secteurs, il a fallu demander aux salariés de travailler plus, il a fallu passer des accords, trouver des terrains d’entente ». © R. FOURREAUX

Lors de la conférence de presse consécutive au Conseil spécialisé céréales de FranceAgriMer, mercredi 15 avril, le président d’Intercéréales s’est exprimé sur la situation céréalière, contrastée selon les secteurs.

Pour sa conférence de presse mensuelle, qui fait suite au Conseil spécialisé grandes cultures – marchés céréaliers, FranceAgriMer avait opté pour la visioconférence par Zoom. L’établissement public avait d’ailleurs invité Jean-François Loiseau, président de l’interprofession Intercéréales, pour faire un point concernant l’impact du Covid-19 sur les marchés céréaliers.

La mise en sécurité des salariés et des transporteurs prioritaire

Jean-François Loiseau a d’abord rappelé les trois conditions essentielles pour assurer la continuité de la chaîne céréalière pendant cette crise sanitaire. Premièrement, la mise en sécurité des salariés (par les gestes barrières, la distanciation sociale, etc.), « même si je pense qu’elle a été un peu sous-estimée pendant cette première semaine de confinement un peu folle ».

Deuxièmement, les efforts faits par les collecteurs, les transformateurs, les silos portuaires pour mettre en place les mesures nécessaires, que ce soit en termes de restauration ou de sanitaires, « pour apporter sécurité et respect aux transporteurs ».

Enfin, sur le plan de l’aménagement du temps de travail, il a loué le civisme de chacun, car, « dans certains secteurs, il a fallu demander aux salariés de travailler plus, il a fallu passer des accords, trouver des terrains d’entente ».

« Je remercie la SNCF »

Jean-François Loiseau fait savoir qu’Intercéréales a mis sur pied une cellule de crise, avec des réunions deux fois par semaine où un certain nombre de sujets sont passés en revue, en particulier la logistique. À ce sujet, il y a eu un travail important de fait pour conserver le fret ferroviaire alors que de fortes craintes émergeaient.

« À ce jour, le fonctionnement est à peu près correct, de l’ordre de 80 %, et je remercie la SNCF. Il n’y a pas eu de lignes supplémentaires ouvertes pour le fret, mais nous avons pu obtenir sur certaines d’entre elles de faire circuler un peu plus de trains que d’habitude. »

 50 % en boulangerie artisanale

Concernant les filières, « nous avons quelques points difficiles », notamment la boulangerie artisanale, « qui est celle qui rapporte de la valeur à la filière ». « Après l’euphorie de la première semaine, le segment de la boulangerie artisanale s’est effondré de 50 % à partir de la deuxième semaine. Le segment de la boulangerie industrielle est, lui, catastrophique, la chute étant de l’ordre de 70 à 80 % pour certaines entreprises. »

Si le segment des industries utilisatrices (pains surgelés, fonds de tarte, etc.) était plutôt stable les trois premières semaines, il baisse désormais de 20 à 30 %. Quant au segment des farines en sachet, il a certes doublé, « mais ce n’est en temps normal que 5 % du marché de la farine en France ».

« Le secteur de la malterie française et de la brasserie est complètement en déroute, c’est une vraie catastrophe. Les grands malteurs et brasseurs ferment des usines en Europe et dans le monde. Et cela va influer d’ailleurs sur le marché de l’orge de brasserie. »

La semoulerie et l’export au rendez-vous

En revanche, « l’industrie des pâtes connaît une très forte demande » et « la filière export est au rendez-vous ». Le mois de mars a été particulièrement actif, et la France devrait enregistrer, avec 13,2 Mt prévues, un record absolu d’exportation de blé vers pays tiers en 2019-2020.

Renaud Fourreaux
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