Alors qu'il était engagé dans le programme Cap 2018, Avril a redéfini un plan stratégique Avril 2020 dont un des axes forts est la protéine végétale. Constatant que la planète s'oriente vers un déficit en protéines, le géant de l'huile cherche à mieux valoriser la fraction protéique des graines. « On était dans la protéine, mais ce qui est nouveau c'est de faire de la protéochimie, précise Jean-Philippe Puig, gérant d'Avril. Cela restera marginal en volume, mais on espère, comme l'oléochimie, que ce métier nous amènera des marges intéressantes. » D'ores et déjà, le groupe a fait deux annonces : la création, en joint-venture avec une société israélienne, d'une nouvelle activité de spécialités à vocation mondiale, fondée sur la valorisation des protéines de colza pour l'industrie du bois (avec une probable usine en France), ainsi que la signature avec Dow d'un accord pour le développement de colza enrichi en protéines permettant un gain de 20 % en protéines dans le tourteau de colza. Même s'il faudra encore quelques années avant une réelle concrétisation. Par ailleurs, Avril se donne pour mission de restaurer la profitabilité de la filière oeufs et vient ainsi d'investir 1,7 M€ dans un nouvel outil de calibrage d'oeufs sur un site gersois de Matines.
Ce changement de cap intervient après « une année 2015 décevante », pénalisée par des facteurs exogènes (prix du pétrole, disponibilité de la graine de colza, guerre des prix en grande distribution). Le CA a diminué de 6 %, à 6,1 Mds€, et l'Ebitda de 18 %, à 203 M€. « Et 2016 démarre également très difficilement. »
Renaud Fourreaux