COLLECTE Tout doit disparaître !

A relativiser : ces chiffres impressionnants datent de la mi-campagne et masquent une certaine dynamique retrouvée en ce début d'année.
A relativiser : ces chiffres impressionnants datent de la mi-campagne et masquent une certaine dynamique retrouvée en ce début d'année.

Les organismes stockeurs s'activent pour dégager au plus vite la marchandise et éviter que les stocks ne viennent plomber aussi la future récolte.

Le stock de report de blé en fin de campagne devrait dépasser les 6 Mt selon FranceAgriMer, un chiffre conséquent mais pas inédit. Cela fait quand même plus de 3 Mt de plus que le stock habituel, ce qui se concrétise par une forte hausse du stockage à la ferme et des mises en dépôt, à déboucler avant le 31 mars dans bien des OS. « Nombre d'agriculteurs risquent d'être "pricés" à leur insu en fin de période », dit un opérateur, même si les ventes ont avancé en cette deuxième partie de campagne.

La peur du goulet d'étranglement

« Depuis le début de l'année, il y a eu à la fois une prise de conscience des agriculteurs et des efforts de la part des OS pour se rendre attractifs, et du coup un niveau d'exécution assez soutenu, témoigne Cyril Duriez, président de la commission Commerce des grains à la FNA. Et puis, on essaye d'anticiper la logistique pour éviter tout goulet d'étranglement. Autant profiter de la bonne compétitivité du blé français et de la demande actuelle pour repartir sur des bases saines en nouvelle récolte. »

Car les OS veulent vendre, craignant des difficultés à l'exécution des volumes en fin de campagne. « Mais il n'y a personne aux achats sur le marché intérieur », déplore Jean-Claude Legrand, DG de Puiseaux, évoquant une hausse des charges de fonctionnement en silo. « Si les moulins ne reviennent pas aux achats, on va devoir aller à l'export. » Pas d'inquiétude particulière en revanche chez Valfrance, où le DG, Denis Simon, observe un niveau habituel de stockage à façon et des volumes d'exécution jusqu'à fin juin très importants. « La situation est beaucoup moins grave que ce que l'on veut nous faire entendre, s'énerve Didier Nedelec, DG d'ODA. Les OS ont déjà bien anticipé. Je ne pense pas qu'il y ait plus que cela un afflux logistique en fin de campagne ni des difficultés de stockage à la prochaine moisson. On bouge des dizaines de millions de tonnes en moisson et on aurait peur de 2 Mt ! » Lors de sa réunion de début d'année, Sénalia avait déjà agité le chiffon rouge de l'engorgement logistique. Alors, doit-on vraiment craindre un tsunami de céréales en mai-juin ?

Surlivraison et décote en vue

« On sent une volonté forte de la part des stockeurs à la ferme d'aller jusqu'au bout voire de vendre en nouvelle récolte, d'autant que la prochaine est mieux rémunérée que l'ancienne, observe de son côté, Sébastien Poncelet, chez Agritel. Il y a un risque de surlivraison à la récolte 2016. » Récolte qui elle-même est bien partie : surfaces en extension et potentiel de rendement pour l'instant préservé.« On assistera vraisemblablement à une forte décote de dégagement de la part des vendeurs. » François Pignolet, DG de Centre ouest céréales, pense que « les OS trouveront assez facilement des solutions pour les besoins de stockage. Le plus préoccupant reste le transport et surtout la psychologie de marché qui va accompagner la fin de campagne au gré des afflux de marchandise ». Pas d'alerte rouge donc par rapport à cette situation atypique, mais une vigilance de chaque instant.

Renaud Fourreaux

Sur le même sujet

Ce contenu est réservé aux abonnés d'agrodistribution
Je suis abonné
Je me connecte
Je ne suis pas abonné
Je découvre