Cristal Union a présenté des comptes « d'excellente facture », compte tenu des conditions de marchés de l'exercice passé. Les indicateurs financiers sont néanmoins orientés à la baisse : un chiffre d'affaires en retrait de 8 % à 1,67 milliard d'euros, et un EBE à 156 millions d'euros avant versement des compléments de prix (contre 322 millions d'euros en 2013-2014). Le résultat net avant distribution chute fortement à 75 millions d'euros (contre 217 millions d'euros).Néanmoins, avec une valorisation moyenne de la betterave proche de 28 euros par tonne avec pulpes, « Cristal Union a été l'opérateur sucrier français qui a le mieux rémunéré ses adhérents », informe Jean-François Javoy, secrétaire général du groupe en charge des finances. En outre, « Cristal Union a deux à trois points de marge d'Ebitda de plus que la moyenne européenne », rappelle le directeur général, Alain Commissaire.« Performance économique excellente »Cristal Union se dit également le sucrier, parmi les sept principaux acteurs européens, dont le rendement sucre est le plus fort, avec 14,2 tonnes par hectare sur la moyenne des cinq dernières campagnes, et dont les coûts de production de ses coopérateurs sont les plus bas. Fort de ses résultats, le quatrième transformateur européen de betteraves se dit « très serein et optimiste » pour l'après-quotas.« Nous sommes le groupe sucrier le mieux positionné pour l'après-2017 parce que le plus compétitif en amont », martèle Alain Commissaire. Cristal Union, qui compte toujours augmenter de 20 % sa surface betteravière en deux ans, annonce + 6,6 % en 2016. « On est complètement prêt pour affronter ce qui est devant nous, et on est même content d'y aller. »Deux projets en chimie du végétalAfin de trouver des pistes de création de valeur complémentaire pour l'après-quotas, Cristal Union mise sur deux projets industriels en Champagne-Ardenne. Pour le premier, il s'agit de construire, par l'intermédiaire de sa filiale IBN-One, à parité avec son partenaire Global bioénergies, une unité de production de 50 000 tonnes d'isobutène, à partir de 200 000 tonnes de sucre, afin de fabriquer de l'isooctane, à la base de l'essence sans plomb. Coût de l'investissement : 120 millions d'euros.Le sucrier table aussi sur un procédé de fermentation qui vise à produire des bioplastiques biodégradables. Une future usine, sur pied courant 2018, pourrait produire 5 000 tonnes de ces plastiques pour emballages durs à partir de 20 000 tonnes de sucre. Ce projet, qui est le plus avancé des deux, nécessitera un investissement de 70 millions d'euros de sa filiale B-plastic, détenue à parité avec son partenaire italien, Bio-on. « Demain, le sucre pourra emballer le sucre », résume en quelque sorte le président, Olivier de Bohan.« Cristal Union n'est pas à vendre »Quelques semaines après la rumeur, démentie, de rapprochement avec Nordzucker, Olivier de Bohan a constaté, non sans une pointe d'humour, que ce sujet revenait sur la table tous les ans. « Cristal Union n'est pas à vendre », a-t-il répété, sans exclure toutefois de futurs rachats ou rapprochements à l'avenir.
Renaud Fourreaux