Colloque FC2A : le commerce agricole et agroalimentaire interpelle l’État

Cinq des six filières de la FC2A ont participé à la seconde table ronde du colloque du 2 décembre, pour faire part de la façon dont elles vivaient dans un contexte d'économie de guerre, fil rouge de l'évènement.
Cinq des six filières de la FC2A ont participé à la seconde table ronde du colloque du 2 décembre, pour faire part de la façon dont elles vivaient dans un contexte d'économie de guerre, fil rouge de l'évènement. ©H. LAURANDEL

Bien que les filières de la FC2A aient souligné, lors de son colloque du 2 décembre, la résilience de leurs entreprises dans un contexte très tendu, l’accompagnement de l’État est jugé nécessaire pour surmonter l’inflation de l’énergie, l’empilement réglementaire et assurer leur pérennité.

« La FC2A est souvent le maillon oublié, la deuxième ligne », confie Antoine Pissier, vice-président de la Fédération du commerce agricole et agroalimentaire, en introduction de son colloque qui s’est tenu le 2 décembre à Beaune. Pourtant, la FC2A représente 1 000 entreprises assurant 25 000 emplois directs dans six filières différentes, dont l’appro collecte avec la FNA, et ayant un lien avec un agriculteur sur deux. Et elle a su démontrer tout son professionnalisme en offrant aux 300 participants à son évènement un contenu de très bonne facture, préparé avec le concours d’Agridées. 

Les tensions ne vont pas disparaître

En effet, un éclairage pertinent et réaliste a été apporté sur l’impact des crises, notamment la guerre en Ukraine, que ce soit au niveau des fournitures, avec des interventions de l’Unifa et d’Engie, ou au niveau des filières de la FC2A. Ce colloque a également permis de souligner les solutions mises en place et l’agilité des entreprises et d’ouvrir les horizons en invitant le capitaine de frégate, Édouard de Vallée, et la Fédération française des banques alimentaires qui accuse aussi le coup depuis deux ans.

Les participants ont pu être ainsi sensibilisés à la traduction d'une économie de guerre au niveau de l'activité des banques alimentaires qui font face à une hausse de la demande et ont dû mettre en place une politique d'achats depuis le Covid. Et ils ont pu découvrir l’ampleur prise par la voie maritime pour les échanges mondiaux (90 % de ces échanges empruntent la mer) et le rôle protectionniste de la marine nationale sollicité plus que jamais avec, malheureusement, le risque d’affrontement grandissant sur les espaces maritimes.

Aménager les lois

Les tensions ne sont pas près de disparaître. Et, la résilience peut avoir ses limites. Aussi, la FC2A a profité de son évènement pour interpeller les pouvoirs publics. « Nous demandons d’arrêter la surtransposition réglementaire et de mettre en place des aménagements et des mesures d’accompagnement pour les lois telles Agec, EGalim ou encore bien-être animal », déclare Gérard Poyer, président de la FC2A.

Et plus particulièrement pour la filière céréalière, face à EGalim2, Antoine Pissier précise : « Nous attendons une reconnaissance de nos spécificités sur la contractualisation et la clause de renégociation des prix. Il y a urgence car des éléments qui sont applicables au 1er janvier 2023, ne sont pas encore définis. »

Rendre les aides plus accessibles aux entreprises

La FC2A souhaite également un plafonnement des prix de l’énergie, une réduction des impôts de production comme la C3S et un accompagnement sur les investissements et la transmission des entreprises avec des garanties de l’État pour rassurer les jeunes qui, comme en viande bovine, doivent faire face à la nouvelle loi sur le bien-être animal.

« L’accompagnement de l’État doit être accessible à nos entreprises et, pour cela, il faut cesser de faire des aides basées sur le chiffre d’affaires », ajoute Antoine Pissier. Référence est faite aux aides énergie et à la complexité d’un de leurs dispositifs.

Pouvoir compter sur l'intelligence collective

Cependant, le prêt garanti par l’État (PGE) mis en place lors de la crise Covid, et prolongé jusqu’à cette fin d’année 2022, a pu rendre service aux entreprises du commerce agricole et agroalimentaire. La FNA a notamment apporté son appui en se rapprochant des banques pour expliquer la situation et ainsi faciliter l’accès à ce prêt par les entreprises. Son secrétaire Xavier Bernard en a témoigné, lors d’une des tables rondes du colloque, puisque son négoce a pu obtenir « un PGE de 20 M€ en moins de dix jours », tout en soulignant le rôle de « l’intelligence collective qui se joue au-delà de l’entreprise ».

C'est justement sur cette intelligence collective que la FC2A souhaite pouvoir compter pour éviter, comme le souligne Antoine Pissier, « d'arriver à la même situation en agriculture que pour les centrales nucléaires, pour moitié en arrêt, notamment à cause du Farm to Fork ou de la surtransposition réglementaire qui affaiblissent un secteur agricole devenu stratégique ». C'est pourquoi, il estime « indispensable de préserver toutes les forces vives et l'ensemble des filières ». 

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