« Le véritable enjeu, c’est la formation. On est face à une transition agroécologique et à une pyramide des âges qui nous impose d’accélérer cette formation », résumait Jean-Paul Hébrard (TV Agri), animateur des 9es rencontres annuelles du biocontrôle organisées par IBMA France, l’association française des entreprises de produits de biocontrôle, ce mardi 31 janvier.
En effet, d’ici dix ans, un tiers des agriculteurs seront partis à la retraite. « Devant nous, on a ce défi du renouvellement des générations et ce sera le défi du pacte et de la loi d'orientation et d’avenir agricoles dont la concertation a été lancée en septembre dernier par le ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire. Il y a quatre axes de réflexions : la formation, la transmission, l'installation des jeunes agriculteurs et la transition et l'adaptation face au climat », détaille Maud Faipoux, directrice générale de l'alimentation au ministère.
Mise à disposition des conseillers et des agriculteurs
Dans cette logique, IBMA France a répondu à deux appels à projets orientés sur la formation qui vont être lancés en 2023. Le premier, Efor2bio, qui s'étale sur six mois, consiste à faire un inventaire des formations déjà existantes dans le domaine des biosolutions, à la fois produits de biocontrôle et biostimulants, et d'identifier les besoins.
Le deuxième projet, Digi-Agro, se déroulera sur trois ans et proposera dès cette année des modules de formations digitaux, gratuits, mis à disposition des conseillers et des agriculteurs. 250 modules de formation seront proposés dans cinq filières agricoles : le maraîchage sous serre, le maraîchage en plein champ, l'arboriculture, la viticulture et les grandes cultures. « C’est un levier très important pour continuer d’accélérer le biocontrôle, former les nouveaux agriculteurs et rendre attractif le métier en mettant en avant ces solutions différentes, voir comment on peut les utiliser et les combiner », précise Céline Barthet, présidente d’IBMA France.
« La résistance au changement »
IBMA France a pris l'exemple du phosphate ferrique, un produit de biocontrôle utilisé contre les limaces, qui présente une efficacité et un coût similaire à la solution conventionnelle. Ses parts de marché sont passées de 9 % en 2017 à 29 % en 2021, soit + 20 points en l'espace de quatre ans.
Une belle progression, mais à équivalence avec un produit conventionnel, pourquoi seulement 29 % ? Pour Ronan Goff, directeur général France chez Certis Belchim, la raison en est « la résistance au changement, car il y a des produits bien installés depuis de nombreuses années ». La formation est donc cruciale pour « embarquer la jeune génération dans la transition agroécologique », constate Maud Faipoux.