La Commission européenne a annoncé, jeudi 16 novembre, « procéder au renouvellement de l’approbation du glyphosate pour une période de dix ans, sous réserves de certaines nouvelles conditions et restrictions ». Une fois de plus, les États membres n’ont pas atteint la majorité qualifiée requise pour renouveler ou rejeter l’approbation du glyphosate lors du vote au comité d’appel.
Réduire la dérive de pulvérisation de 75 %
La France s’est d’ailleurs de nouveau abstenue. Pour rappel, elle n’était pas contre la molécule en tant que tel mais souhaitait un délai de réhomologation plus court et un encadrement plus strict des usages. Elle avait notamment fait des propositions en ce sens qui, selon le ministère de l’Agriculture, n’ont pas été retenues.
Faute d’accord entre les États membres, la Commission européenne a alors tranché en donnant son feu vert pour renouveler le glyphosate, tout en recommandant par exemple la mise en place de bandes tampons de cinq à dix mètres pour éviter la contamination de champs proches ou l’utilisation d’équipements pour réduire la dérive en pulvérisation d’au moins 75 %.
Des recours en justice attendus
Pour la FNSEA, cette décision est un soulagement. « Ce choix va permettre de donner de la visibilité aux agriculteurs et permettra à ceux qui sont engagés dans des techniques agronomiques vertueuses de poursuivre cette voie, car ils auraient été confrontés à une totale absence d’alternatives en cas d’interdiction », réagit-elle.
Du côté de la Confédération paysanne, la décision est « scandaleuse ». La porte-parole, Laurence Marandola, ne mâche pas ses mots : selon elle, réautoriser le glyphosate est une « erreur monumentale. C’est faire croire que continuer à utiliser cet herbicide ne pose aucun problème. Dix ans, c’est colossal, ça repousse la possibilité d’envisager de vrais changements d’ici là. »
La coalition Secrets toxiques, réunissant entre autres la Confédération paysanne, Générations futures et Les amis de la Terre, envisage d’ores et déjà la mise en œuvre d’une action en justice.