Une perte jusqu'à 40 % en valeur du marché phytos, estime l'UIPP, si les substances jugées perturbateurs endocriniens - suspectés et avérés - sont retirées. France Nature Environnement, membre du groupe de travail PE, insiste sur la dangerosité des substances : « Il faut arrêter de faire des constats, et agir vite », en parallèle de la recherche. Même au niveau scientifique, le sujet divise. « La définition du terme perturbateur endocrinien est une question encore débattue », rappelait l'Anses en mars dans son rapport. Impossible d'étudier les PE selon les lois de la toxicologie classique : effets faibles doses, relations doses-réponses non monotones, importance des fenêtres d'exposition : femmes enceintes, enfants... La France soutient une définition fondée sur des propriétés de dangers, pour elle, les considérations de risques ou les approches socio-économiques relevant du cas par cas. L'Europe devrait finaliser une définition pour fin 2013.
Des molécules en sursis
Pour l'instant, deux catégories ont émergé des travaux du groupe de travail : les PE avérés et les suspectés (quand les études manquent, qu'elles sont contradictoires ou que les effets n'ont été mis en évidence qu'in vitro). La France veut être moteur de la future réglementation. Elle devait rendre ses conclusions pour la conférence environnementale de septembre 2013, mais la consultation publique a pris du retard. « Il s'agit de finaliser une stratégie, la réglementation viendra de l'Europe », rappelle Sophie Fleckenstein à la FNE. Côté phytos, trente-sept molécules pourraient être concernées, dont les triazoles, les pyréthrinoïdes et les dithiocarbamates.
Marion Coisne