Depuis le 19 mars dernier, le Plan silos a officiellement un soutien des pouvoirs publics, puisque dans la circulaire interministérielle datée de ce jour, les services déconcentrés de l'Etat sont clairement invités à « identifier des sites sur lesquels des projets pourraient se faire » et à « faciliter aux différents stades de l'instruction, les projets d'implantation ou d'extension de silos ». Et, en filigrane, à modifier des comportements qui ont participé à la perte de 3 Mt de capacités entre 2000 et 2010. Pour Fabien Vallaud, de la FNA, « il ne faut pas hésiter à mettre en exergue ce document auprès des préfectures ou des mairies ».
Des avis partagés sur la circulaire
Car c'est bien la recherche de surfaces disponibles pour l'implantation qui demeure le principal frein à la construction de capacités. Sachant que la profession n'a pas réussi à faire évoluer la législation sur la possibilité de construire en zones agricoles. Même si elle a poussé pour les silos dits plats à la création d'un régime d'enregistrement, réduisant les délais de procédure. Jusqu'ici, la majorité des silos construits sont des cellules cylindriques métalliques, moins onéreuses et demandant une moindre emprise foncière que les silos plats. Néanmoins, la proportion de ces derniers envisagée par Coop de France d'ici à 2016 est de 27,5 % (contre 8 % sur les deux dernières années). « J'ai vraiment l'impression que la circulaire tient ses promesses, confie Romain Tempez, responsable investissements, chez Noriap. On ressent une réactivité importante de la part de l'ensemble de l'administration. » Jacques Wimez, responsable d'exploitation au groupe Carré n'est pas de cet avis. « Concernant les maires, à moins d'être proagricoles, ils ne montent pas au créneau à l'approche des élections municipales pour défendre un projet de silo. En préfecture, pas de problème, mais les Dreal n'ont toujours pas la volonté de coopérer. Elles ont embauché pas mal de jeunes qui veulent faire leurs preuves. » Et qui s'échineraient à trouver la petite bête pour retoquer les dossiers.
Moins de projets semble-t-il
Quoi qu'il en soit, la diffusion de la circulaire n'a pas encore déclenché de nouvelles velléités de constructions. Au contraire. Si la FNA ne dispose toujours pas de chiffres, Coop de France - métiers du grain ne recense plus que 125 projets sur la période 2011-2016 dans son enquête de mai. Contre 170, il y a un an ! « On note une accélération de la construction entre les deux années passées (440 000 m3/an) et les trois années à venir (510 000 m3/an) », affirme pourtant Vincent Magdelaine, directeur de l'organisation, en rappelant que « l'objectif du plan était avant tout de créer une dynamique pour dialoguer avec les services de l'Etat ». Comme lot de consolation pour la profession, la destruction de capacités chez les coops enquêtées ne devrait atteindre que 550 000 m3 sur les cinq ans, soit moitié moins de ce qui était initialement prévu. Mais cela est également révélateur : dans l'attente de pouvoir construire, on ne détruit pas.
Renaud Fourreaux