Le sainfoin ne veut pas faire les frais du Covid-19

Avec 5 000 t par an de granulés de sainfoin déshydraté destinés dans leur immense majorité à la nutrition animale, la petite filière espère bien rester dans les formules. © Y. BOLOH
Avec 5 000 t par an de granulés de sainfoin déshydraté destinés dans leur immense majorité à la nutrition animale, la petite filière espère bien rester dans les formules. © Y. BOLOH

La petite filière française du sainfoin, positionnée sur les protéines santé, alerte sur le risque de la concentration des formules d’aliments et prône le maintien de la diversité des matières premières.

Pascale Gombault, présidente de Multifolia, à l’origine de la filière sainfoin déshydratée en France, constate que le Covid-19 favorise un comportement général vers les cœurs de gamme et la simplification des formules. « À ma grande surprise, certains clients m’ont annoncé qu’ils sortaient le sainfoin de leurs approvisionnements », confirme-t-elle.

Ce n’est pas le cas de tous car, estime Antoine Bretodeau, chez Arrivé-Bellanné à Nueil-les-Aubiers (Deux-Sèvres), utilisateur depuis 2013, « je préfère au contraire conserver le sainfoin, car multiplier les matières premières sur l’usine sécurise nos approvisionnements. Nous l’incorporons dans nos formules pour les jeunes animaux comme les chevrettes, les agneaux, génisses et broutard pour son action antiparasitaire qui se double, pour les chèvres, de l’intérêt de ses tanins. Nous l’utilisons aussi un peu en vaches laitières. »

Protéger le travail engagé et les recherches en cours

En cas de crise, les filières émergentes sont souvent malmenées. « Il nous faut être très vigilants dans les prochaines semaines pour ne pas sombrer dans des adaptations court-termistes, propres aux situations de crise. Il nous faut protéger tout le travail déjà engagé et les recherches en cours, par exemple sur les lapins avec une thèse à Toulouse soutenue par Arrivé-Bellanné, ou l’essai sur les chevaux que nous conduisons avec Lab-To-Field. Sans oublier le travail de notre chercheuse à l’Inra de Colmar sur la vigne pour lutter contre le court noué. La vigne, qui représente 10 % de nos ventes, est d’ailleurs en croissance », liste Pascale Gombault.

L’inquiétude est naturellement la gestion du nombre de silos en nutrition animale, surtout en cas de baisse d’activité comme cela semble désormais s’annoncer dans les usines françaises.

700 ha semés dont 100 ha en bio

Avec 700 ha semés en Champagne crayeuse, Bourgogne et dans le Périgord, dont 100 ha en bio, la filière sainfoin est gérée en amont par la coopérative Sainfolia (70 agriculteurs producteurs), en lien avec quatre déshydrateurs (Tereos, Capdéa, Coopérative de la Haute Seine, Grasasa). L’aval est géré par Multifolia. Dès sa création, la filière a été soutenue par MG2Mix et plusieurs fabricants d’aliments se sont impliqués : Arrivé Bellanné, Maison Cholat, Terrya, Terredici, Sirugue, Lemen, etc.

« La catastrophe que nous vivons invite à réfléchir sur la pertinence de modèles plus résilients, des productions de territoire, l’intérêt de préserver nos outils industriels et les cultures qui les font vivre. L’axe santé devrait être omniprésent ces prochains temps. Il devrait l’être aussi pour nos élevages et nos productions », conclut Pascale Gombault.

Yanne Boloh
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