Fin juillet, dans sa proposition de loi, la sénatrice Nicole Bonnefoy demande l'interdiction de la vente de phytos grand public dans les supermarchés alimentaires. Mi-juin, le sénateur Joël Labbé lançait une consultation publique pour élaborer une proposition de loi visant à interdire l'usage des produits en ZNA.
Quel est votre sentiment face à ces propositions ?
« On ne prend pas ces projets de loi à la légère. Mais les produits les plus nocifs ne sont pas dans les mains des amateurs, ce ne sont pas du tout les mêmes qu'en agricole. Et en cas d'interdiction, il y a le risque que l'amateur aille voir ailleurs, via des circuits parallèles, et achète un produit destiné aux pros, ce qui est encore plus dangereux. Aujourd'hui, pour être utilisés en amateurs, les produits doivent porter la mention EAJ (emploi autorisé dans les jardins). Tous les circuits de distribution (jardinerie, magasins spécialisés, grande distribution, enseignes de bricolage et Lisa) sont concernés par la démarche de l'agrément distribution de produits phytos à des utilisateurs non professionnels. Tout un pan porte sur l'aménagement d'un espace dédié. C'est incohérent, une interdiction reviendrait à faire fi de tous les efforts faits. Quant aux collectivités locales, c'est un tout petit marché : moins de 1 000 t/an. »
Les produits UAB (utilisables en agriculture biologique) ne semblent pas visés ?
« Non, on a l'impression qu'ils pourraient être préservés. Pourtant, la bouillie bordelaise est UAB mais c'est l'un des produits autorisés pour les amateurs le plus fortement classé. On veut bien s'adapter, mais il faut de la cohérence. Si on veut faire évoluer les pratiques, il faut aussi communiquer : nous avons créé la clinique des plantes, avec un site (www.cliniquedesplantes.fr) qui propose des diagnostics en ligne, et des manifestations. »
Marion Coisne