En franchissant la barre des 100 M€ de résultat net et n'étant plus qu'à deux pas, des 2 milliards d'euros de chiffre d'affaires (1,94 Mds€), Limagrain a présenté des résultats historiques sur l'exercice 2012-2013. « Cette hausse du CA de 8,7 % n'est due qu'à la croissance interne, car il y a eu peu d'effets périmètre ou devises cette année », se félicite Daniel Chéron, DG du groupe auvergnat. Pour rappel, le cap du milliard d'euros était passé en 2004-2005.
Premiers pas en Afrique
Le grand succès de l'année reste les semences de grandes cultures, en progression de 15,1 %, activité portée en particulier par la Russie, l'Ukraine et l'Amérique du Nord. D'ailleurs, Genective, joint-venture de recherche entre Limagrain et KWS, vient de se voir homologuer aux Etats-Unis son premier trait glyphosate résistant pour le maïs. Par ailleurs, le groupe qui était très européen et américain (86 % du CA global est réalisé sur ces deux continents), commence à prendre pied en Asie et en Afrique. Après l'acquisition du sud-africain Link Seed début 2013, il vient de prendre une participation de 15 % dans Seed Co, le premier semencier africain, orienté maïs. En tout cas, la surperformance des semences de grandes cultures a compensé le ralentissement de la croissance en semences potagères (+ 3,8 %), le commerce ayant été difficile au Sud de l'Europe, au Maghreb et au Moyen-Orient. « Mais c'est en train de repartir sur l'Espagne et l'Italie », annonce Daniel Chéron.
Jacquet Brossard aux Amériques
Pour le prochain exercice, les prévisions de croissance du CA ont été construites plus prudemment, recul des prix agricoles oblige. L'activité de Jacquet Brossard devrait se poursuivre sur la tendance de l'an passé (+ 5 %), dans une période de préouverture à l'international. « Aux Etats-Unis, rappelle Daniel Chéron, on est en phase d'expérimentation de produits innovants auprès des consommateurs (crêpes françaises, pain de mie sans croûte) avant une éventuelle aventure industrielle. Au Brésil, deux lignes de production sont en cours de construction pour une commercialisation en juillet. » Des investissements soulagés par l'entrée au capital du Crédit Agricole (5,6 %) dont l'un des objectifs est « de faire acquérir à ce pôle d'activité une dimension internationale ». Du côté des ingrédients céréaliers, ces produits sophistiqués réalisés à partir de farine de blé ou de maïs, une contre-performance est enregistrée avec des projets non concrétisés en Asie. Limagrain y voit toujours « un bébé amené à grandir auprès de clients pointus dans les pays développés ».
« Nous ambitionnons également de faire de notre région d'origine une zone d'excellence sur le plan agricole », informe Jean-Yves Foucault. Grâce à l'agriculture de précision. L'idée, inspirée des Etats-Unis, est d'avoir une connaissance extrêmement fine de ses adhérents, grâce à un réseau de capteurs pédoclimatiques. « Ce sera de l'information pour que nos commerciaux puissent mieux positionner les intrants qu'ils vendent, mieux conseiller les dates de semis... », espère Daniel Chéron.
Renaud Fourreaux