Sud-Ouest  Sanders Euralis : premier bilan positif pour Sojalim

« La nouvelle filière régionale qui se met en place dans le Sud-Ouest, autour de l'usine de trituration de graines de soja Sojalim, est un bel exemple de modèle économique résilient qui a du sens, se félicite Françoise­ Labalette, responsable du pôle amont de Terre Univia. Elle participe à la structuration industrielle qui se construit aujourd'hui autour de l'alimentation animale. Son succès repose sur l'articulation végétal/animal de professions qui travaillent main dans la main, ce qui permet de créer de la valeur, sans rupture, jusqu'au bout de la chaîne. »6 200 ha sous charte soja de France chez EuralisConstruit en 2016-2017, sur le site de l'usine d'aliment Sanders Euralis (ex-Actalim) de Vic-en-Bigorre, l'atelier Sojalim a démarré son activité en juillet 2017. Pour l'alimenter, 750 producteurs adhérents d'Euralis­, sous charte soja de France, ont produit en 2018 20 500 t de soja conventionnel non OGM qui sont triturés 24 h/24 tout au long de l'année. À cela s'ajoutent 7 000 à 8 000 t de soja bio, pour la campagne 2018-2019, achetés à Agribio Union, dont Euralis fait partie.Des tourteaux à plus de 48 % de protéineTrès automatisée, l'usine Sojalim est conçue pour traiter 25 000 t de soja par an, mais elle possède d'ores et déjà, dans sa tour de 25 m de haut, un espace pour installer un deuxième cuiseur, qui permettra de doubler la capacité de production. Une tonne de soja donne 750 kg de tourteaux, 45 kg de coques et 120 kg d'huile. Avant d'être cuites pendant six heures puis pressées, les graines de soja sont dépelliculées, ce qui permet d'obtenir des tourteaux présentant un taux de protéine supérieur à 48 %, lorsque les produits importés affichent 46, voire 45 %. Ils sont aussi plus riches en matière grasse (9 %).« Cette qualité nous permet de résister à la concurrence du soja d'importation, qui coûtera toujours moins cher, explique Michel Vernet, président de Sojalim et directeur général de Sanders Euralis. Nous utilisons aussi les coques broyées, très riches en cellulose, que nous intégrons dans la formulation des aliments pour ruminants et porcs, ainsi que 60 % de l'huile. Le reste est vendu pour l'alimentation animale ou humaine. »Arrêt des importations de sojaDès sa deuxième année de fonctionnement, l'activité de Sojalim permet à Sanders Euralis de ne plus travailler­ de soja importé, dans ses usines de Vic-en-Bigorre et de Lons (Pyrénées-Atlantiques), qui fabriquent ensemble 300 000 t d'aliments. Fipso, filière porc du Sud-Ouest, qui produit du porc filière Carrefour non OGM et du porc plein air du Sud-Ouest, utilise 250 t de tourteaux Sojalim par mois, ce qui lui a permis de baisser de moitié ses importations. « Mais il fallait que ce soit iso-coût pour nous, précise Sébastien Labrouche­, responsable technique. Ces tourteaux se sont imposés car ils ont un faible taux d'humidité, un taux de protéine supérieur et un taux de matière grasse élevé. »La demande du consommateur, clé de la filière« Ce qui est nouveau aujourd'hui et qui permet de mettre en place cette filière, c'est la demande des consommateurs, relayée par des enseignes comme Carrefour qui tend aujourd'hui vers une alimentation du bétail 100 % locale », souligne Michel Vernet. « Euralis fournit au distributeur des poulets label rouge nourris aux aliments non OGM et locaux, précise François Lacome, responsable de la filière volaille du groupe. Et au 1er janvier 2020, ce sera le cas de tous nos poulets label, ce qui représentera 2 250 t de tourteaux Sojalim consommés. » Pour sécuriser les revenus des producteurs de soja et l'approvisionnement de l'usine, une prime de 15 €/t en plus du prix du marché (325 €/t) est accordée par Euralis à ses adhérents.