« Le secteur de l'agriculture et de l'agroalimentaire a d'immenses atouts pour participer à la croissance économique, or nous ne progressons pas et dans la plupart des filières nous régressons », s'est alarmé Philippe Mangin, président de Coop de France, lors de la conférence de presse de rentrée à Paris, le 19 septembre. « Cette évolution malheureuse est liée essentiellement à des problèmes de compétitivité », déplore-t-il.Les coopératives toujours pas éligibles au CICEFace à cette situation qui ne cesse de se dégrader, le président de Coop de France interpelle les pouvoirs publics : « Quelles sont les réponses aujourd'hui ? » Une interrogation légitime, selon lui. « La réforme de la Pac est enfermée dans sa problématique de redistribution des aides, un débat qui ne nous satisfait pas du tout », constate désabusé le président.« Rien également qui ne puisse améliorer la compétitivité des filières du côté de la Loi d'avenir », poursuit-il. Et rien également côté CICE (crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi) pour abaisser les coûts de main-d'oeuvre. « Les coopératives ne sont toujours pas éligibles à cette mesure, déplore le président de Coop de France. Et aucun signe ne nous permet d'être optimistes. »L'écotaxe doit être suppriméePas d'embellie en vue, alors que dans le même temps les entreprises sont contraintes de subir de nouvelles charges. Et le président de viser, la fameuse écotaxe qui « pénalise le plus l'économie territoriale », même si son report a été obtenu à l'arraché au 1er janvier 2014. « Nous la considérons comme très injuste avec des effets distorsifs entre région et entre produits intérieurs et produits importés », a rappelé Philippe Mangin qui conteste avant tout les modalités d'application de cette taxe, « véritable usine à gaz ». « Telle que l'écotaxe est prévue aujourd'hui, nous demandons sa suppression. »La peur de retomber dans le réglementaire et le contraignantLa Conférence environnementale qui se déroule les 20 et 21 septembre fait craindre également à Coop de France qui participe à la table ronde sur l'économie circulaire, de « retomber encore dans le réglementaire et le contraignant ». Mais « nous allons être vigilant, prévient Philippe Mangin. Nous n'accepterons pas de nouvelles mesures fiscales s'il n'y a pas suppression d'une ou deux mesures en compensation ».Un accord en faveur de l'emploi saluéSeule petite lueur dans ce sombre tableau : les récents accords relatifs au contrat de génération signés (le 18 juillet) avec les organisations syndicales pour favoriser l'emploi. Principaux objectifs sur trois ans : 30 000 jeunes de moins de trente ans recrutés, plus de formation en alternance, progression de la proportion des emplois séniors... Une satisfaction pour Philippe Mangin mais pour lui, cet accord ne pourra être traduit et mise en oeuvre que si les freins à la compétitivité sont levés. « Ce n'est pas une menace, c'est comme ça (...) Nos entreprises doivent retrouver du souffle. »
Catherine Queheille