COOPÉRATIVES Le Dephy du réalisme

 Jean Cheminon et Antoine Van de Velde, agriculteurs engagés dans le réseau fermes Dephy, et Luc Rivière, animateur du réseau « Grandes cultures en terres de craie », chez Vivescia. « Le moindre recours aux produits phytos et aux engrais est un objectif permanent, mais nous sommes avant tout des producteurs », déclare Antoine Van de Velde.M. COISNE
Jean Cheminon et Antoine Van de Velde, agriculteurs engagés dans le réseau fermes Dephy, et Luc Rivière, animateur du réseau « Grandes cultures en terres de craie », chez Vivescia. « Le moindre recours aux produits phytos et aux engrais est un objectif permanent, mais nous sommes avant tout des producteurs », déclare Antoine Van de Velde.M. COISNE

Un bilan positif pour les exploitations du réseau FERMEcophyto des coopératives, mais pas de solution miracle. Présentation chez Vivescia.

Dix heures, jeudi 23 mai, salle des fêtes de Pringy, près de Vitry-le-François (Marne). Une trentaine de personnes sont rassemblées pour assister à la présentation des résultats du réseau FERMEcophyto des coopératives, organisée par InVivo et, pour la région, par Vivescia. Dans la salle, des représentants d'instituts techniques, de l'agence de l'eau, des officiels, et des agriculteurs. Parmi eux, Antoine Van de Velde, dont l'exploitation, engagée dans le réseau Dephy, devait initialement accueillir la manifestation, déménagée à cause de la météo. A l'intérieur du réseau FERMEcophyto, il fait partie du groupe « Grandes cultures en terres de craie », animé par Vivescia, en collaboration avec la chambre d'agriculture de la Marne.

Concilier économie et environnement

Sur son exploitation de 345 ha dont 88 ha dédiés au réseau, il a réduit en moyenne son IFT de 7 % en 2012 par rapport à sa référence moyenne triennale (2009 à 2011). « Je suis dans la moyenne du groupe terres de craie », précise Antoine Van de Velde. Pourquoi devenir acteur du réseau ferme Dephy ? Déjà certifié « Agriculture raisonnée » depuis 2009, l'agriculteur explique : « Nous voulons aller vers des pratiques présentant encore moins d'impact sur l'environnement, mais sans tout sacrifier pour autant. Si l'on peut contribuer à faire évoluer la perception du monde agricole et non agricole, il faut le faire. » Quant au groupe « Grandes cultures en terres de craie », il compte douze exploitations, avec en moyenne 51 ha dans la démarche. Après l'étude préalable des fermes, des références ont pu être acquises en 2009, 2010 et 2011, avant la mise en place de leviers pour diminuer le recours à la chimie. Bilan sur 2011-2012 : une baisse significative de l'IFT, « due à l'évolution des pratiques des agriculteurs, et à des éléments externes », comme les conditions climatiques, sanitaires et réglementaires, explique Luc Rivière, animateur du réseau, chez Vivescia. InVivo, qui a compilé les données du groupe, estime en 2012 la marge brute à 107 % de la référence. Parmi les actions engagées, le désherbage mécanique, le faux semis, l'utilisation d'OAD, les variétés...

Halte à l'agronomie populiste

« On connaît des leviers, mais on n'a pas la clé de tout, il faut d'autres études, notamment sur les bioagresseurs. Les expérimentations ont permis de montrer que la réalité est plus compliquée », analyse Luc Rivière, évoquant des solutions trop souvent présentées comme faciles à mettre en oeuvre et efficaces. « C'est ce que j'appelle l'agronomie populiste », déclare l'animateur. Et l'impact d'un réseau d'expérimentations sur les autres agriculteurs ? « On adhère à quelque chose si on pense que ça marche, poursuit Luc Rivière. C'est toute la puissance de la démonstration. » Un constat fait aussi par Laurent Kirchhoffer, directeur adjoint de la Draaf de Champagne, présent à Pringy : « Il faut conforter les dynamiques de groupe. »

Marion Coisne

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