Comment conseiller un « désherbage durable » ? Face aux résistances (plus de 500 plantes dans le monde), aux restrictions de molécules, et aux attentes de la société, Syngenta revoit sa copie et intensifie son positionnement vers les méthodes alternatives, même si la chimie reste prépondérante. « Le conseiller doit avoir un certain courage pour dire : “non, nous ne faisons plus ce produit” », souligne Xavier Charon, directeur agriculture durable.
Syngenta mise dorénavant sur l’intelligence artificielle, l’agriculture de précision et le désherbage mécanique. « Notre ambition est de développer un algorithme qui permette de définir un protocole à la parcelle, en prenant en compte des datas sur la culture, la rotation, le stock de semences d’adventice et l’écosystème », a expliqué Renaud Deval, responsable Syngenta monde pour les herbicides, le 22 mai à Châteaudun, lors d’une visite d’essais de la plateforme de désherbage.
Cet outil, qui se nomme « Fieldcompass » est encore au stade du projet. Plus concrètement, Syngenta teste, en Angleterre, des engins d’agriculture de précision, comme une rampe de pulvé de 2 m, équipée de 200 buses pour ne cibler que les adventices. Enfin, l’agrochimiste propose de nouveaux services, comme Qualicible. Une cartographie qui permet de localiser les cultures à risque (fruits, légumes…) avant de traiter des céréales au prosulfocarbe. Un partenariat avec Arvalis, des outils de formation et la diffusion de buses antidérive ont été mises en place pour accroître les bonnes pratiques.
Combiner mécanique et chimique
Les responsables de la distribution ont pu observer les résultats de la combinaison « mécanique et chimique » sur la plateforme d’essais de Châteaudun.
Christian Lux, responsable service agronomie et environnement au Comptoir agricole d’Hochfelden (Bas-Rhin), veut croire au déploiement de futurs outils d’aide à la décision, dont le Qualicible. Néanmoins, concernant l’agriculture de précision, cela reste cher. « Une bineuse guidée par caméra ou la coupure de tronçon buse par buse sont peu accessibles, rapporte-t-il. La technologie de pulvé est un investissement lourd pour une exploitation dont les céréales ne sont pas l’activité principale, comme chez nous. D’autre part, dans certains secteurs, nous déconseillons le binage par rapport au risque d’érosion des sols. Nous avons déjà effectué une forte réduction de doses de 50 % sur les désherbants racinaires sur maïs. Pour aller plus loin, la désherbineuse peut être intéressante sur zone de captage. »