Nutrition animale : un calme trompeur

Les flux constituent le principal souci pour l’approvisionnement, avec un maillon essentiel : les chauffeurs. © Y. BOLOH
Les flux constituent le principal souci pour l’approvisionnement, avec un maillon essentiel : les chauffeurs. © Y. BOLOH

Après des hausses de commandes atteignant jusqu’à + 50 %, la folie des semaines 11 et 12 se calme un peu, les éleveurs étant revenus à des commandes plus « normales » en volume en semaine 13. Mais la tension sur les approvisionnements reste forte sous le double effet de la logistique et des volumes de protéines accessibles.

La nutrition animale affiche un front assez serein : « Nous serons capables de nourrir les animaux d’élevage », assurent industriels, coopératives et syndicats. Mais la folie des deux dernières semaines, avec des hausses de commandes des éleveurs qui ont pu grimper à + 50 %, a laissé les acheteurs et les responsables d’usine abasourdis. Et inquiets pour demain. Auront-ils assez de matières premières pour continuer ? Deux questions se posent au-delà de la volatilité forcément accrue par la crise : les flux et les disponibilités physiques.

Prendre soin des chauffeurs

D’une part les chauffeurs constituent une inconnue : « Nous avons ouvert des vestiaires avec des toilettes, et mettons café et sandwichs à disposition dès que nous le pouvons », explique par exemple Jean-Michel Boussit, chez Axéréal Élevage. Il est en effet capital que les chauffeurs se sentent accueillis et non traités en pestiférés pour rester au volant. D’autant que les transporteurs, n’ayant pas de fret retour, ont, de-ci de-là, caressé l’idée de s’arrêter. Et le surcoût se répercute forcément dans les frais de transport.

De façon générale, les flux constituent un verrou que tous tentent de résoudre, jusqu’aux ministres européens de l’Agriculture qui tenaient par visioconférence un conseil agricole exceptionnel ce mercredi 25 mars. Pour l’instant, les ports sud-américains restent ouverts, malgré la tentation de certains maires de fermer le leur, les autorités fédérales argentines comme brésiliennes résistent. « On n’a normalement pas vraiment de problème de protéines dans le monde puisqu’il y a à peine un mois, les marchés étaient lourds, moroses et baissiers », pointe un acheteur spécialisé dans les protéines.

Des approvisionnements en France compliqués

Mais, second point, qu’en est-il sur le terrain ? La France n’est clairement pas en manque de céréales, et sa situation vis-à-vis des protéines est moins compliquée normalement que chez ses voisins. Pourtant, impossible d’acheter le moindre tourteau de colza et les stocks de tourteaux de tournesol sont au plus bas, sans parler des drêches, moins produites puisque les biocarburants sont moins consommés…

Plusieurs sites de production français souffrent. Le groupe Saipol doit ainsi faire face à différents problèmes techniques (incendie à Rouen, pannes à Bordeaux et à Lezoux par exemple) et propose du canola (donc OGM) au lieu de colza non OGM. Et Champlor a annoncé fermer Valtris le 20 mars pour manque de personnel en raison du Covid-19.

Raccourcir les gammes

La crise 2020 sur les matières premières n’est ni celle de 1929, ni celle de 2009. Elle pourrait ressembler à celle de 1973 lors de l’embargo américain sur le soja. Elle en diffère pour deux raisons : il existe une plus large palette de protéines (tourteaux secondaires, drêches) à la disposition des formulateurs, et il existe une plus grande segmentation avec la multiplication des cahiers des charges imposant des contraintes nutritionnelles. Les professionnels tentent donc de travailler ensemble à assouplir les contraintes non communicantes de ces cahiers des charges pour raccourcir les gammes.

Yanne Boloh

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