Auvergne-Rhône-Alpes, Paca L’innovation au service de l’adaptation
De nouvelles filières se structurent pour permettre aux agriculteurs des régions Ara et Paca de sécuriser leurs revenus, tout en s’adaptant aux contraintes climatiques et sociétales.
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Après un soutien financier acté en décembre 2023, le projet Coopéara (Coopération protéines élevage Auvergne-Rhône-Alpes), porté par La Coopération agricole Auvergne-Rhône-Alpes, a débuté courant 2024. Il comporte quatre volets : productions animales et végétales, communication et coordination.
70 000 t de graines triturées
« Des essais sur diverses variétés de soja ont été menés par Terres Inovia sur des microparcelles, explique Jean de Balathier, directeur de LCA Ara. Un objectif fort est de développer la culture dans l’ouest de la région pour répondre à une demande importante en soja non OGM et non issu de la déforestation. » Divers paramètres (données météo et pédologiques, cartographie des terrains, scénarios climatiques) ont été pris en compte, et des tests au champ débuteront en 2025. Côté élevage, la constitution d’un panel d’exploitations est en cours pour l’évaluation de la performance de plusieurs formulations de tourteaux, élaborés dans l’une des trois usines de trituration régionales.
L’usine de l’Ucal (Coopaca, Val’Limagne.coop et Sica BB), située dans l’Allier, triture 30 000 t/an de graines de colza, soja et tournesol depuis 2023. L’outil Nutralp (filiale des coopératives Bresse Mâconnais, Capdis et Jura Mont-Blanc) est entré en activité à la mi-février à Bâgé-Dommartin, dans l’Ain (15 000 t). Et l’usine de trituration d’Oxyane (25 000 t, dont 20 % de bio), située à La Côte Saint-André, en Isère, et dédiée à la transformation du soja, tourne à plein régime depuis fin juin. Ensemble, ces trois unités vont transformer annuellement 70 000 t de graines, soit l’équivalent de 45 000 t de tourteaux et 25 Ml d’huile.
Massifier les pratiques agroécologiques
Face aux enjeux climatiques, les coops et négoces de la région se mobilisent pour l’agroécologie, que ce soit Oxyane et son ambition d’accompagner 500 agriculteurs via l’instauration de primes (dispositif O’trement) ou le scoring des pratiques par le groupe Bernard (démarche Agr’eau écologie).
Côté LCA Ara, un guide de bonnes pratiques à destination des industries agroalimentaires a été adapté des documents de l’Ademe. Un partenariat avec WeCount facilite la réalisation de bilans carbone. Le projet ClimaTerra, porté par Chambres d’agriculture France, se décline dans la région. Il ambitionne la sensibilisation des agriculteurs « via une démultiplication de diagnostics carbone au sein des exploitations et la mise en place de leviers pour l’adaptation et le stockage du carbone », poursuit Jean de Balathier. Les négoces aussi se mettent à la page, en réalisant des bilans carbone, pour « anticiper l’arrivée de la CSRD en 2026 », indique François Maxence Cholat, à la tête du négoce éponyme.
En Paca, le comité Négoce Pyrénées Méditerranée de la FNA est partenaire du projet Réseau AlternatiVitiMed, piloté par la Chambre d’agriculture régionale dans le cadre du Plan Ecophyto. Il vise la montée en compétences de l’ensemble des techniciens et conseillers viticoles du Sud-Est sur les pratiques alternatives aux produits phytos. « Une journée technique organisée en avril a permis de former des TC à ces enjeux-là », précise Jean-Claude Magne, DG du négoce Magne.
Diversification et modernisation
La démarche collective sous bannière Unisson (qui regroupe coopératives, négoces, chambres, Civam) ou encore le projet Adoptae pour l’accompagnement au développement des couverts végétaux sont autant de programmes visant à impulser le développement de l’agroécologie. « La tendance en Paca est à la diversification des exploitations et à la modernisation des pratiques, pour des solutions qui combinent précision des traitements et mécanisation », poursuit Jean-Claude Magne. Il n’est donc pas rare de voir, dans le secteur, des négoces qui rachètent des entreprises d’agrofourniture, à l’image du groupe Charrière, qui a acté fin octobre la reprise de Cévennes Matériels, spécialiste de la motoculture et du matériel agricole.
Enfin, un Plan pour l’adaptation de l’agriculture méditerranéenne aux impacts du dérèglement climatique a débuté le 16 juillet. La résistance à la sécheresse fait partie des priorités. Des concertations dans les territoires, animées par LCA Sud, ont eu lieu en fin d’année pour le montage de futurs projets.
Des débouchés originaux
Pour répondre aux exigences de l’aval, les coops et négoces n’hésitent pas à se lancer dans des filières innovantes. Ainsi, LCA Sud porte un projet de filière d’orge brassicole bio. En 2023, des brasseurs ont monté la SCIC Malterie Provence Alpes, dont deux organismes stockeurs sont parties prenantes (Duransia et Ets Payre). Ces derniers approvisionneront en orge bio (1 000 à 1 500 t/an) la future malterie, qui devrait sortir de terre d’ici septembre 2025.
Autre débouché privilégié : les légumineuses, pour leur faible demande en intrants, en eau et l’allongement des rotations. Duransia collecte ainsi 300 t de pois chiche qu’elle commercialise, depuis mars, en enrobés grillés sous la marque Fermiers de Provence. La coopérative a d’ailleurs fait labelliser Agri-Éthique l’ensemble de ses légumes secs Fermiers de Provence pour attaquer le marché de la RHD. En Rhône-Alpes aussi, des filières légumineuses sont en développement. La Maison Cholat consolide par exemple ses essais (lentille, pois chiche, lupin…) au sein de sa plateforme multi-espèces.
Le choix du débouché RHD est bien assumé par certains. Limagrain poursuit son partenariat avec VIF Systems (dont il est actionnaire à 24,9 %) pour le déploiement de fermes verticales. Treize conteneurs (de 15 m2 au sol), dont un dédié à la R&D, ont été installés chez des adhérents courant 2023 et 2024 (*). Ils offrent aux agriculteurs une rémunération complémentaire proche d’un Smic par mois. « La culture en environnement contrôlé permet de dérisquer le revenu des agriculteurs face aux aléas climatiques et financiers », souligne Vincent Tardif, directeur stratégie et développement de nouvelles filières chez Limagrain. Les cultures de micro-pousses sont produites sur deux types de substrats (terreau, cellulose), puis collectées et vendues par VIF Systems à des grossistes généralistes ou à des grossistes spécialisés régionaux. Fin janvier, deux nouveaux produits seront commercialisés. Lancement prévu au Sirha 2025 !
(*) À noter que les agriculteurs sont propriétaires de l’outil de production (ils en font l’acquisition).
Sommaire
Le palmarès des coops et des négoces 2024
- Notre classement 2024 des coopératives et des négoces
- Anticiper l’avenir
- Partenariats et résultats négatifs
- La course à l’agroécologie
- Au défi du renouvellement des générations
- Transmettre et recruter
- Faire face au changement climatique
- Mobilisation logistique
- Cultiver la résilience
- L’innovation au service de l’adaptation
- Des réorientations à la chaîne
- Un paysage coopératif en fusion
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