« À court terme, la RSE ne sera plus une option sur les marchés financiers, ce sera une condition pour y accéder », affirme Christine Kerboull, intervenant dans le tout nouveau Panorama RSE publié par La Coopération agricole Métiers du grain et présenté lors du dernier Sia. Les propos de la directrice générale d’Union Finances Grains démontrent bien la nécessité pour les coopératives agricoles engagées dans cette union d’emboîter le pas de la RSE, étant d’ailleurs incitées dans ce sens.
Et justement dans son fascicule d’une trentaine de pages, LCA Métiers du grain propose un premier état des lieux d’une démarche RSE déjà en route dans quelques coopératives comme Arterris, Cérèsia (médaille d'argent Ecovadis), Coop de Mansle et Scara qui ont depuis quelques temps déjà le label engagé RSE de l'Afnor niveau « confirmé », Valfrance qui l'a obtenu en novembre dernier avec aussi le niveau « confirmé » et La Tricherie, passée en décembre au niveau « exemplaire ».
Deux critères en matière de sécurité
Pour pousser plus loin et inviter l’ensemble des coopératives dans une même dynamique, le groupe de travail RSE, constitué de 37 coops, s’est mis d’accord sur un total de cinq indicateurs : biodiversité (pourcentage du territoire de la coopérative en infrastructures agroécologiques), carbone (bilan GES [scopes 1, 2 et 3] de la coopérative), sécurité (deux critères : taux de fréquence et taux de gravité des accidents), égalité hommes-femmes (pourcentage de femmes dans les conseils d’administration) et partenariats et ancrage (nombre d’alternants).
« Nous diffusons ce Panorama RSE dans notre réseau, notamment lors des prochaines réunions régionales, pour sensibiliser les entreprises qui ne se sont pas encore engagées dans une démarche RSE, et auprès des parties prenantes », commente Lenna Berthié, responsable agronomie et environnement à LCA Métiers du grain.
Cheville ouvrière de cette initiative, elle a été amenée à étudier durant l’été 2022 les rapports d’une vingtaine de coops et à s’appuyer sur une grille d’analyse des enjeux communs et des bonnes pratiques, « que nous avons pu établir en 2021 grâce aux rapports de plusieurs coopératives toutes sections confondues », complète Benjamin Perdreau, de La Coopération agricole.
De nouvelles règles à partir de 2025
Cette démarche de LCA Métiers du grain est d’autant plus à propos que « la réglementation va, dès 2025, élargir le nombre des coopératives qui devront rédiger un rapport RSE », rappelle Benjamin Perdreau. En effet, la nouvelle directive européenne CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) va rendre obligatoire un reporting de durabilité à partir de l’année comptable 2025 ou de l’exercice 2025-2026 avec un premier rapport à restituer courant 2026, pour les sociétés au-dessus de deux des trois seuils suivants : 250 salariés, 40 M€ de chiffre d’affaires, 20 M€ de total de bilan.
Cela va amener à plus que tripler le nombre de coopératives concernées (tout secteur confondu) qui vont passer d’une trentaine, à ce jour, à une centaine. LCA prend d’ailleurs part aux travaux de l’Efrag qui détermine les normes de reporting pour la directive CSRD.