Semae veut capter d’autres marchés à l’export

Laurent Bourdil (à g.), président de la section des plantes oléagineuses de Semae, et Pierre Pagès (à dr.), président de Semae, ont rappelé, le 14 février, les différents enjeux à venir pour la filière semences.
Laurent Bourdil (à g.), président de la section des plantes oléagineuses de Semae, et Pierre Pagès (à dr.), président de Semae, ont rappelé, le 14 février, les différents enjeux à venir pour la filière semences. ©Isabelle Escoffier

Alors que l’excédent commercial de la filière semences a encore progressé en 2022-2023, le repli progressif de la demande russe appelle à trouver de nouveaux marchés, notamment au Proche-Orient et en Asie centrale. Cela passe par un maintien des moyens de production en France.

Lors de sa conférence annuelle, le 14 février à Paris, Semae a présenté des résultats très positifs pour la campagne 2022-2023. « Le secteur semencier français est resté fort sur les exportations », s’est félicité Pierre Pagès, président de l’interprofession semencière. La France, premier producteur européen de semences, a en effet dégagé un excédent commercial d’1,2 milliard d’euros sur la dernière campagne.

Elle demeure le premier exportateur mondial de semences agricoles avec 2,18 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2022-2023, soit une progression de 11 % par rapport à 2021-2022. Cela représente 56 % du chiffre d’affaires total du secteur. Les semences de maïs et de sorgho dominent largement les exportations françaises (819 M€), suivies par les semences potagères (529 M€) et d’oléagineux (431 M€).

La Russie plus indépendante

70 % des exportations sont à destination des pays de l’Union européenne, mais Pierre Pagès pointe des « difficultés accrues dans l’accès au marché russe, toujours premier client pays tiers de la France ». La Russie ambitionne en effet de produire ses propres semences dans un objectif d’indépendance à l’égard des importations à hauteur de 75 % d’ici 2030. « Après une baisse de 22 % en 2022-2023, la diminution des exportations devrait s’accentuer en 2023-2024 », avance Semae.

Montée en puissance du Proche-Orient

L’interprofession des semences mise donc sur des « opportunités nouvelles », dans d’autres pays et régions, pour compenser cette situation. Objectif : diversifier les débouchés, notamment vers l’Afrique, le Proche-Orient (Turquie notamment) et l’Asie centrale, par exemple au Kazakhstan et en Ouzbékistan, « pays où les semences sont un levier pour accompagner le développement de l’agriculture », observe Pierre Pagès. Et de confirmer : « Le Proche-Orient monte en puissance et est devenu la troisième destination des exports en 2022-2023. »

Maintien des moyens de production

Saisir ces nouvelles opportunités nécessite toutefois, selon Semae, une pérennisation des moyens de production des semences. À commencer par l’eau. Or aujourd’hui, « les semences ne sont pas toujours prioritaires pour l’accès à l’eau lors des périodes de restriction », regrette Laurent Bourdil, président de la section des plantes oléagineuses de Semae.

Autre nécessité : le maintien de solutions phytosanitaires. La recherche d’alternatives dans le cadre d’Ecophyto 2030 et du Parsada (1) fait aussi partie des priorités de l’interprofession. Une « task force » semences dédiée dans le Parsada a permis d’identifier un premier chantier prioritaire, à savoir la lutte contre les ravageurs et notamment les coléoptères.

Mobilisation pour les NGT

Pierre Pagès a rappelé que le secteur semences est « très attendu, car il s’agit du premier maillon de la chaîne agricole ». Mais, selon lui, garantir la souveraineté alimentaire passe par la recherche et l’innovation. Il appelle à un cadre réglementaire adapté, à la fois pour les règles de commercialisation du matériel de reproduction des végétaux que pour l’autorisation des nouvelles techniques génomiques (NTG ou NGT en anglais).

Pas de brevets sur les gènes natifs

L’interprofession a par ailleurs insisté sur le fait que le certificat d’obtention végétale (COV) doit rester, en matière de semences, « le socle de la propriété intellectuelle » de la filière en Europe. « Nous ne souhaitons pas de brevets sur les gènes natifs, et nous avons besoin de clarifications de l’UE, a ajouté le président de Semae. Qui dit brevets, dit licences. Mais il faut qu’elles restent sur des schémas où les conditions de rémunération de ces brevets sont raisonnables, équitables et non discriminatoires. Il n’est pas question que ces droits de licence ou ces brevets conduisent à une asphyxie de notre filière. »

(1) Plan d’action stratégique pour l’anticipation du potentiel retrait européen des substances actives et le développement de techniques alternatives pour la protection des cultures.

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