« Comment recruter les jeunes, les faire venir chez nous et que cela matche après ? », a lancé Antoine Pissier, le 23 novembre, à Orléans (Loiret), lors du congrès de la FC2A, Fédération du commerce agricole dont il est vice-président, outre sa présidence de la Fédération du négoce agricole (FNA).
Tourné résolument vers l’enjeu de l’attractivité, ce congrès a fait monter sur l’estrade quatre jeunes femmes négociantes des différentes fédérations du commerce agricole composant la FC2A, la consultante Agnès Volle et Laurie Albien de la DGER. Ainsi que Julia de Funès, docteur en philosophie et conférencière, un vrai tsunami qui peut quelque peu déstabiliser, partageant des approches pouvant être justes et pertinentes, tout comme certaines peuvent être nuancées.

Les actions engagées
Ce temps fort a été l’occasion de rappeler la signature en 2017 d’une convention avec la DGER qui a été renouvelée en 2022. Pilotant les partenariats entre les établissements agricoles et les professionnels, Laurie Albien a rappelé aux dirigeants de négoce présents les actions engagées avec la FC2A « pour mieux faire connaître vos métiers » : organisation de rencontres avec les établissements, projet de mise en place de référents des métiers du commerce pour organiser les visites en entreprises, conception et diffusion d’outils de communication.
« Les établissements agricoles sont preneurs, notamment pour les stages et alternances », poursuit-elle. La nouvelle convention signée avec la FC2A invite à développer l’accueil de stagiaires de troisième dans les entreprises pour les informer sur les métiers et les parcours de formation nécessaires afin de les exercer. Par ailleurs, la connaissance des métiers agricoles devrait être renforcée avec le Pacte d’orientation qui vient d’être présenté, vendredi 15 décembre, par le ministre de l’Agriculture.
Des supports en cours de réalisation
Déléguée régionale Négoce Centre-Est, en charge de l’attractivité des métiers et des relations avec les écoles pour la FNA, Maëlle Simmen précise en aparté du congrès que « des supports de communication vont être réalisés avec Ocapiat ; ce travail vient d’être lancé pour la branche du commerce agricole ».
Ces supports vont porter sur les métiers du commerce agricole et l’accueil de stagiaires et d’alternants qui va être encouragé. À charge ensuite à la FNA de les faire vivre auprès de ses négoces membres et des partenaires. « Nous allons également redynamiser les liens avec les écoles », complète Maëlle Simmen.
Ne pas passer à côté des nouvelles générations
Dans son intervention, Julia de Funès a abordé aussi l’enjeu de l’attractivité en mettant en garde les entreprises sur le fait que si elles veulent être attractives, elles ont à veiller à la finalité qu’elles se donnent et donnent à leurs collaborateurs. « Les métiers se sont technicisés, souvent par nécessité concurrentielle. De ce fait, on peut perdre de vue le sens car la technique est un moyen et non une finalité. Or, le sens, c’est la finalité. Si on ne fait pas attention à cela, on passe à côté des nouvelles générations. »

Pour la philosophe, continuer de faire du travail une finalité en soi est « un leurre absolu, un non-sens car le travail n’est qu’un moyen ». Julia de Funès estime que si une entreprise a des soucis d’attractivité, c’est parce qu’elle « ne constitue plus une finalité en soi pour les jeunes générations. L’entreprise n’est qu’un moyen au service d’une cause, d’une raison d’être. Si on n’endosse pas un projet d’entreprise, cela ne marche pas. »
Plus une question de visibilité que d’attractivité ?
Toutefois, à la question de l’animatrice des tables rondes du congrès sur la façon de rendre les métiers attractifs, Anne-Flore Martignon, DG du négoce Martignon SAS, s’est exclamée : « Mais nos métiers sont attractifs, ils donnent du sens et les entreprises de négoce font attention à leurs salariés. Il y a une liberté importante, les missions sont très diversifiées, ce n’est jamais la même chose. On doit en effet se réinventer tous les jours car la météo change, le monde change. » Aussi, n’est-ce pas parfois plus un problème de visibilité et de promotion de métiers souvent méconnus que d’attractivité en tant que telle ?