Afin d’établir un état des lieux des conséquences de la situation de crise actuelle, La Coopération agricole a réalisé une série de trois enquêtes qui ont recueilli au total 567 réponses. Les résultats sont tombés ce jeudi 9 avril.
Il en ressort que plusieurs filières sont à ce jour fragilisées. Le plus compliqué est sûrement vécu par la filière horticole avec la fermeture des circuits de distribution spécialisée. Or les coopératives horticoles réalisent près de 80 % de leur chiffre d’affaires annuel entre le 15 mars et le 15 mai.
Double peine pour le secteur viticole
Pour la filière viticole, c’est aussi la double peine, avec une activité export en chute de 60 % pour un secteur déjà touché par les taxes américaines et une baisse moyenne de 50 % des commandes, pour les boissons alcoolisées, en grandes et moyennes surfaces, par rapport à la même période en 2019.
Le ralentissement à l’export affecte également le secteur laitier, qui a appelé à réduire la production de lait, avec un recul des expéditions d’environ 40 %, notamment vers la Chine.
L’impact du quasi-arrêt de la RHD
D’autre part, la fermeture des restaurants et établissements scolaires a imposé un arrêt quasi complet du marché de la RHD. Seules 19 % des commandes habituelles subsistent, à destination surtout des hôpitaux et Ehpad. Avec un impact non négligeable sur certaines filières.
Ainsi, des baisses de commandes sont enregistrées sur les petites filières volailles (canards, pintades, pigeons), les filières veau et agneau. Et également en viande de bœuf pour laquelle, après l’euphorie sur le steak haché des deux premières semaines de confinement, celui-ci connaît une chute des commandes de 25 % sur la troisième semaine. Cette évolution laisse perplexe, d’autant plus que les rayons traditionnels ont fermé dans de nombreux magasins.
La farine et le poulet tirent leur épingle du jeu
D’autres produits sont au contraire portés par cette crise sanitaire. Ainsi, beurre, farine et œufs affichent de nouveau, pour la troisième semaine de confinement, des taux de commandes jusqu’à deux fois plus élevés qu’en période normale.
En poulet et dinde, fruits et légumes et autres produits frais (charcuterie, traiteur…), les commandes ont augmenté de 20 à 30 % sur les deux premières semaines de confinement, puis de 10 % sur la troisième semaine. Quant à la filière porcine, la demande est stable.
Prix plutôt stables et logistique assurée
Quant aux prix de vente des produits coopératifs, ils n’ont pas augmenté auprès des enseignes de la grande distribution, étant d’ailleurs fixés pour un an dans le cadre des négociations commerciales annuelles pour la plupart d’entre eux.
Les prix de certains fruits et légumes sont plus élevés à l’achat pour une partie des consommateurs, car les distributeurs se sont réorientés vers des produits d’origine France, aux coûts de production supérieurs à ceux des produits importés.
Quant à la chaîne logistique, des craintes avaient été émises très rapidement sur son plan de continuité. Toutefois, les conditions de travail des chauffeurs ont été revues pour leur permettre de rouler en toute sécurité, se restaurer et se laver. Les capacités de transport routier sont aujourd’hui disponibles dans 95 % des cas, d’après les coopératives enquêtées. De ce fait, 94 % des opérations connaissent une bonne fluidité.
Des solutions pour les filières en difficulté
En commentaire de ces enquêtes, Dominique Chargé, président de La Coopération agricole, estime qu’« il est primordial de réfléchir et de travailler sur deux niveaux en parallèle : la gestion de l’activité à court terme et l’anticipation pour la suite, notamment en cherchant des solutions pour aider les filières les plus en difficulté ».