La première pierre de l’usine Intact a été posée, non pas à Baule (Loiret), lieu d’implantation de l’usine, mais à la salle de conférences Co’met, à Orléans. « On veut redémarrer la filière légumineuse, lance Marc Fesneau, enthousiaste. On est pleinement dans la transition écologique : la fixation du carbone, la diversification, la décarbonation, ce projet montre que c’est possible ! »
Un procédé bas carbone
Cette usine, unique en son genre, va transformer les protéagineux en alcool pour la cosmétique ou la pharmacie et en farine de protéines végétales pour l’industrie agroalimentaire. L’entreprise HappyVore, qui fabrique des alternatives à la viande, également installée dans le Loiret, pourrait être un des clients. Les cosses des pois serviront de biomasse pour la distillation.
En plus de ne pas avoir besoin de fertilisation pour cultiver les légumineuses, l’usine n’utilisera que 5 % d’énergie fossile. Intact produira ainsi un alcool de légumineuses très bas carbone, « une première mondiale » selon la start-up. Les travaux seront lancés dans quelques semaines et la production devrait débuter en 2025.
13 000 ha de protéagineux d’ici cinq ans
Cofondée par Alexis Duval (ancien président du directoire de Tereos), Fanny de Castelnau (avocate en propriété industrielle qui devient la directrice générale d’Intact) et Christopher Hervé (ancien directeur général de l’amidonnerie chez Tereos), Intact vise des surfaces de 13 000 ha de pois et de féverole dans cinq ans.
L’investissement de 55 M€ est financé à hauteur de 25 M€ par Axéréal, 14,5 M€ par l’État dans le cadre de France 2030, 15 M€ par le fonds stratégique des transitions géré par Isalt. Au travers de cet investissement financier, Axéréal garantit un certain volume d’approvisionnement à Intact. Néanmoins, Alexis Duval reste ouvert à toutes propositions (coopérative, négoce ou agriculteur en direct).
Une rémunération calée sur le prix du blé plus 65 €/t
Axéréal est entrée au capital de la start-up en juin 2022 pour monter une filière de légumineuses et ainsi proposer de nouveaux débouchés à ses adhérents afin de pouvoir allonger leur rotation. Pour Jean-François Loiseau, président d’Axéréal, la décarbonation est une priorité. « Nous devons être innovants, compétitifs et coconstruire des filières durables et rentables, en lien avec la transition alimentaire. » Selon Axéréal, la demande en protéines végétales pourrait doubler d’ici à 2030.
Au sein de la coopérative, un club des ambassadeurs a déjà été monté. 3 700 agriculteurs, représentant 60 % de la collecte d’Axéréal, sont certifiés CultivUp, le label de la coopérative pour l’agriculture régénérative. La coopérative vise 8 000 ha de pois en 2025 (soit 30 000 t), et 60 000 ha de culture « bas carbone » en 2030. Pour inciter ses adhérents à semer des pois en 2024, elle propose une rémunération calée sur le prix du blé plus 65 €/t. Ce prix sera-t-il suffisant pour inciter les agriculteurs qui boudent les protéagineux depuis plusieurs années ? À suivre.
